Reconnaissable entre tous, ses longs dreads noirs serpentant sinueusement son dos, ses habituelles lunettes de sport aux couleurs vives posées nonchalament sur son nez, Agon Kongo, l’un des étudiants le plus craint - un certain démon lui faisant de la concurrence- de tout Saikyou, les mains dans les poches, serrant convulsivement ses poings, sa mâchoire virile crispée en un effort pour ne pas hurler de rage, se tenait droit, placé devant une bonne centaines de ses congénères. Tous, pleins d’espoir, d’ambition, ou d’effroi, mais surtout d’interrogation, avaient leurs regards braqués sur lui... et il était seul, seul contre tous. Barrière métallique, solitaire, qui tentera, dans un futur proche, d’endiguer les flots de questions qui allaient sans retenue s’abattre sur elle. Et en cet instant précis, le plus sincèrement du monde, l’ancien Dragon des Nagas ressentait bouillonner en lui, une folle envie de clore définitivement les yeux de tout ces visages présent, de quelques coups biens placés. Mais même pour un être comme lui, un dieu lorsqu’il s’agissait de bastonnade, même lui aurait du mal à réaliser cette pensée. Et puis après tout n’aimait-il pas qu’on le loue et qu’on s’intéresse à lui tout en le craignant. Maintenant il était amplement servit.
Laissant son regard gris perle, teinté d’une colère noire, glisser sur chacune des personnes présentes, leurs envoyant immanquablement des vagues de frissons, il se remémorerait petit à petit cette fameuse soirée d’après match où tous autant qu’ils étaient, avaient bu comme des trous. Cette beuverie entraînant un pari. Pari risqué qu’il avait malheureusement perdu. Et qui aujourd’hui l’amenait à se diriger, grommelant au possible, vers son public, pour jouer à l'orateur qu’il n’était pas, avec des étudiants, nouveaux comme anciens, n’ayant de regards que pour lui.
-Bon écoutez moi tous bande de déchets, si vous êtes ici aujourd’hui c’est pas pour, blaguer, s’amuser, ou encore se la péter! Et je vous préviens d’avance, en ce jour vous allez tous crever! Si malheureusement pour vous, c’est avec la bouche ouverte, comptez pas sur moi pour vous la refermer.
A ces mots, l'on sentit l'ambiance déjà peu jouasse, s'alourdir. D'autant plus que ceux-ci, sortant de la bouche d'un être tel qu'Agon, avaient une signification bien plus terrible que ce qu'ils laissaient supposer. Le génie du millénaire était peut-être réputé pour être un fainéant notoire en terme d'entrainement, mais lorsqu'au contraire il s'agissait de faire bosser autrui, son imagination n'avait guère de limite...sa cruauté de même.
-Alors ceux qui ont déjà les chocottes, et qui ont peur d’écorcher leurs belles gueules qu’ils retournent chez eux! Avant que je ne les flanques dehors à coup de pieds au cul!
Et c'est ainsi que par petits paquets de deux ou trois, plusieurs personnes, que l’on considérera comme des mauviettes ou encore des saints d'esprits, quittèrent la salle en chuchotant, soupirant devant leur abandon. Réduisant d’un quart, le nombre de personnes présentes. Nombre qui sûrement diminuerait encore, les sélections des Iron Bats n’étant pas de la p’tite bière. Se tournant vers le reste des quelques courageux - ou suicidaires- encore présent le Dragon, prit un air approchant en machiavélisme, ceux qu’affichait Hiruma Yoichi, le quaterback démoniaque et capitaine de l’équipe, mais qui à sa sauce, semblait bien plus effroyable.
-Les qualifications avec un système de "mort subite" vous connaissez? Moi j’adore, alors on va faire un truc.
Et vient alors éclairer son visage, comme un rayon de soleil dans les ténèbres les plus noires, un petit sourire, que l’on aurait pu qualifier de légèrement sadique ou psychopathe. Mais le principal était là, notre Dragon semblait avoir retrouvé un semblant de bonne humeur. Ce qui surement ne serait pas pour profiter aux quelques candidats encore présents
Descendant de son piédestal et attérissant sur la terre ferme, Agon comme à son habitude, snoba les yeux qui le suivaient de près, se déplaçant rapidement pour arriver aux portes métalliques du local, qu'il ouvrit brutalement d'un coup de talon. Dans un grand fracas, celles-ci laissèrent pénétrer la lumière presque aveuglante du soleil de 10 heures.
-Bon alors tout le monde me suit et se la ferme c'est clair?
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